[Autour du pays Dignois] plusieurs randonnées ... dont une à Poil ! (Alpes de haute Provence-04)

Randonneur Vous avez aimé une belle randonnée, partagez-la avec nous. Précisez difficulté, dénivelée, durée, itinéraire, … etc..
xxxxxxx Ne pas oublier de décrire comment accéder au point de départ (parking du camping-car, caractéristiques, nuitée possible, ...).
** A VOUS DE SAVOIR APPRÉCIER LA DIFFICULTÉ vis à vis de vous et du maillon faible de votre groupe. **
Les randos engagées ou nécessitant du matériel d'escalade sont à mettre dans la rubrique adéquate.
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France Franck D
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Re: Pays Dignois : Quelques randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 21836Message France Franck D
jeu. 23 nov. 2017 22:29

Bonsoir,

Avec cette rando on a vu des petites Marnes d’ailleurs on a croisé des VTT sur le sentier des Charbonnières, là: no pb c'est cool.
A priori les "vrais" terre noir ça à l'air plus délicat techniquement à mon avis faut surtout pas avoir peur parceque ce sont quand même des formes arrondies mais pentues.
En tout cas le tracé de 2013 c'est 75Kms et 3300m de montée ...
https://www.utagawavtt.com/randonnee-vt ... 75-km-7586"

4) La suite avec le tour du Feston.
Sans bouger trop loin du village ...euh plutôt du quartier des Dourbes, nous avons profité pour faire une autre randonnée.
https://www.visorando.com/randonnee-tou ... le-sentie/" en rejoignant la rando au point 5 et en la faisant dans l'autre sens

c'est à dire en direction des Gorges du Mardaric, où l'on traverse des marnes
LES MARNES
Constituées d’argile, de calcaire et de schiste, elles peuvent contenir jusqu’à 65% d’argile (marnes argileuses), si le calcaire domine, on parle de calcaires argileux.
Ces marnes se sont formées au fond de la mer, pendant le Secondaire. Pendant des millions d’années se sont accumulées des centaines de mètres d’épaisseur de sédiments.
Leur couleur varie du noir au bleuté, en passant par les gris comme ici, voire le jaunâtre, à la suite d’altération.
Elles forment des sols très sensibles à l’érosion, des reliefs ravinés que parcourent des rus intermittents.
Les marnes riches en calcaire sont utilisées pour la fabrication de chaux et de ciments.
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avant d'arriver dans les gorges: pas si petite que ça
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en sortant on peut rejoint la route, mais aussi contourner par le versant Sud le Felston en empruntant le sentier des Charbonnières
Toujours avec les marnes et les belles couleurs d'Automne
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Près de ces marnes et sans faire attention on marche sur des fossiles
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Le chemin est pratiquement horizontale, de temps en temps on remarque, via la couleur de la terre , les emplacements d'anciennes "Charbonnières".
puis on monte sur la crête pour atteindre le sommet du Crépon (1067m), où la vue se dégage : en façe la Barre des Dourbes (faite la veille) : idéal pour la pause repas.
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Après il ne reste plus qu'à descendre vers le point de départ toujours en traversant ces paysages caractéristique du pays Dignois
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avec les célèbres terres noires pour les Vététistes
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où on retrouve notre fourgon
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et puis la traditionnelle vue depuis la porte latérale
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Sans trop bouger c'est 2 jours sympa

Après le Sud et l'est de Digne ...reste le nord avec la réserve naturelle géologique de Haute-Provence
Baladeur sudiste avec le Queyras :f€¶ŋon: d'Isère Évasion sur Master L2H3
... c'est fini: merci Orange https://trucs-ccar.pagesperso-orange.fr/

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France Franck D
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Re: Pays Dignois : Quelques randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 21948Message France Franck D
mer. 27 déc. 2017 12:03

Bonjour,

Parfois certains lieux sont magiques, le fait de passer dans un village abandonné c'est plein de mystères et en cherchant sur le net je suis tombé sur ce livre
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La vie de ceux d'avant. Souvenirs d’un simple paysan de la vallée de l’Asse
Auteur(s) : Albert Cotte. Présentation de Pierre Martel

Le Poil : un village perdu, « cramponné à une lame calcaire presque verticale » : c’est là qu’est né Albert Cotte simple paysan de la vallée de l’Asse qui nous livre ses souvenirs et son combat de toute une vie pour s’en sortir coûte que coûte dans ce rude pays et en ces rudes temps. Un bel exemple à méditer.

Du village perdu du Poil, dans les Préalpes de Digne, où il est né en 1907, au domaine de Sargan dans la moyenne vallée de l’Asse, Albert Cotte a vécu l’abandon de terres trop pauvres, et la reconversion des paysans des zones de montagne sèche.

----------------------------------------
Ce livre est aujourd'hui indisponible, j'ai eu la chance de me le faire prêter : Randonner dans le coin, puis lire ce livre => ça remet un peu les choses en place ...
Je me suis permis de scanner quelques extraits pour le faire partager :

1907-1922 LE POIL, MON VILLAGE
Je suis né au Poil, au début de ce siècle. En 1907.
Le Poil est un village perché à 1220 mètres d'altitude, dans une position très pittoresque, au pied d'un immense rocher long et étroit, comme un “pieu”, - ce qui est, dit-on, à l'origine de son nom: lou Péu, en provençal.
Le Poil est aujourd’hui un village mort, presque entièrement ruiné. Pourtant en 1900 plus de 200 habitants occupaient le village, les hameaux de Preynes et des Moulières et une dizaine de campagnes : la Combe, Chabannes, le Pré-du-Pin, l’Enfarnet, Saule-Mort, les Senières, Saint-Jean, Soleille-Boeuf, le Gros-Jas... Et encore son déclin était déjà amorcé, puisque la commune, qui avait 335 habitants en 1856, en avait déjà perdu 135 !
Le chef-lieu de canton était Senez, mais c’était un pauvre village. Mézel était à 20 km. Le village le plus proche était en réalité Barrême. Comme il n’y avait alors aucune route carrossable, c’est surtout de Barrême que l’on montait au Poil, par monts et par vaux, à pied ou à dos de mulet. On traversait la rivière de l'Asse sur une passerelle branlante, près d°une “halte” sur la voie ferrée du “train des Pignes”, le chemin de fer à voie étroite de Digne à Nice. Cette halte se limitait à un écriteau de bois sur lequel étaient écrits les noms de “Le Poil-Majastre” ! On gravissait les vallons de Saint-Maime, des Moulières, du Pré-du-Pin, pour découvrir enfin le village du Poil depuis le col du Thouron, où passait la carraíre des troupeaux. Ces pauvres chemins, mal empierrés, sur des sols argileux la plupart du temps, étaient entretenus par des “prestations”. Chaque contribuable devait donner chaque année trois journées de prestations. Ceux qui avaient des chevaux ou des mulets les amenaient avec un tombereau si les routes étaient carrossables. Les autres apportaient des pelles ou des pioches. Tous travaillaient sous la direction du chef cantonnier.
A côté du Poil, du côté du soleil, se trouvait un autre petit village appelé Majastre, moins peuplé, mais dont le chemin avait au moins l`avantage d’être carrossable. Il y reste encore, de nos jours, deux familles.
Après Majastre, il y avait encore Levens, où vivaient une dizaine de familles. Il n’y reste plus que des tas de pierres I Les Eaux-et-forêts ont tout recouvert de pins et il y a plus de vingt ans déjà que l’on ramasse des champignons sur cette terre foulée par tous ces gens il n'y a pas si longtemps encore.
Tout autour du Poil. il y a une couronne de villages ou de hameaux eux aussi complètement abandonnés: Creisset, La Melle, Bédéjun... La commune de Levens a été rattachée à celle de Majastre; celle du Poil a aussi perdu son identité: elle a été rattachée en 1981 à celle de Senez, dont elle n’est même pas limitrophe !
Pourtant quelle vie intense il y a eue autrefois dans ces montagnes ! A Levens, j’ai bien connu une famille Bondil qui a élevé cinq enfants : ils sont tous descendus vers Riez et Moustiers. A l’Enfernet, la famille Garron avait réussi à élever 15 ou 18 enfants, on ne sait plus bien le nombre. Aux Praux, dont la route est aujourd'hui coupée par l`Office national des forêts, une autre famille Bondil avait élevé 11 enfants, dont le dernier (Victorin) est encore en vie, à Beynes.
A Aubounelle (ou Valbonnelle), il y avait une autre famille de 11 enfants, les Gilly. Ils sont actuellement tous morts. La ferme aussi. Les terres aussi. Il n’y a plus personne dans la haute vallée de l`Estoublaïche (ou Estoublaïsse): ni hommes, ni bêtes d’élevage. Tout est revenu à la forêt.
Le goudron sur les routes, l’électricité, le téléphone, tout cela n`est arrivé que récemment: dans les années 60 à Majastre ou à Preynes. Au Poil, jamais. La dernière famille de Peloux (habitants du Poil), les Germain, est partie après la guerre pour des Zones plus hospitalières : le quartier de Palus, à Beynes, où ils avaient acheté une maison et des terres. Ici, ce n’était vraiment plus possible.
Aujourd'hui, quand on goudronne une route, on met une bonne couche de “tout-venant", on nivelle, on arrose, on roule et on goudronne: tout cela avec de gros engins qui font très vite le travail. Je me souviens qu'après 1914 on charriait une grosse rangée de pierres au bord de la route, que des hommes cassaient avec des massettes à manche rond et flexible, puis, avec des fourches à cailloux, ils les répartissaient sur la route à chausser, les arrosaient et les roulaient avec un rouleau à chevaux, “le cylindre”, plus tard avec un rouleau compresseur muni d`un moteur. C’était un autre monde.
Dans ces montagnes, dès que l'hiver arrivait, une épaisse couche de neige ensevelissait tout durant trois mois ou plus ; la pelle ne quittait plus le devant de la maison. On était coupés de tout. Au Poil, début décembre, il fallait avoir fait les provisions pour tout hiver et les 8 familles du village s’apprêtaient à vivre coupées du monde, au rythme ralenti de la “morte” saison.
La vie était si difficile que lentement le village mourait. De nos jours, il est tout en ruines, sauf l’école qui a été restaurée et transformée en “gîte d’étape” pour ceux de nos contemporains qui s`adonnent à la randonnée dans ces sites perdus mais superbes.
Le dernier Peloux que l`on a enterré au cimetière, en 1979, s’appelait Isaïe Piérisnard. C’était un célibataire, à peu près de mon âge. Après avoir perdu ses parents, un frère et une sœur, il était resté seul. Sa maison était au quartier de Soleille-Boeuf, sur la route de Majastre. En plus, il était malade. Pour calmer ses douleurs. Il prenait avant les repas un verre à liqueur d`une mixture faite avec dufiel de veau ou de bœuf qu’il faisait prendre à l’abattoir de Digne. Il avait fini par vendre sa maison en viager, tout en se réservant un petit appartement où il a vécu ses derniers temps.
Dans le même quartier, cent mètres plus loin, il y avait une maison où habitait un autre malheureux nomme Brosi. On ne peut pas imaginer où peut conduire la solitude et la misère. Celui-là avait percé un trou dans le mur donnant sur la route. Par cette meurtrière, il tirait avec son fusil sur le premier qui passait sur la route. Trois voisins ont réussi à le prendre et l`ont attaché mains et pieds. On l’a porté ainsi à l’asile des fous de Montdevergues.
L’église du village, elle aussi, s`est écroulée: quelques années encore et il n’en restera plus trace. On ne saura plus que le petit carré sous la roche qui est de l’autre côté du chemin était le cimetière.
Entre l'église et le cimetière, il y a un vieux chemin; il profite d’une profonde échancrure dans le rocher qui domine le village et l’abrite. Cette “porte du vent” fait communiquer le Poil avec Preynes et le monde de l’ouest. Ce vieux chemin calade est emprunté parfois par des randonneurs. Vous qui me lisez, vous y passerez peut-être un jour. Comme bien d’autres, vous vous poserez beaucoup de questions sur la vie et la mort des villages : il n’est donc peut-être pas inutile de vous raconter comment les gens d’ici ont vécu, ont tenu, autant qu’ils l`ont pu” (an viscu, an tengu, tant coumo an pouscu..., célèbre “Chant des Aïeux” des Provençaux). Les Peloux auraient tant de choses à dire.
Et c’est en approchant de la fin du rouleau que je repense à la vie de ces ancêtres. Peut-être étaient-ils aussi heureux que nous en fin de compte. Certes, ils ne connaissaient pas le confort, mais ils avaient peut-être plus de “santé” que nous. J’entendais souvent dire: “Escapo aqueou qu’a boueno maire” (s’en tire et va loin celui qu’à une bonne mère) !

UN GRAIN DE SABLE AU BORD DE L’ASSE
Arrivé à l’âge des réflexions, c`est de ce pays et de ce temps que j’ai eu envie de parler.
Pourquoi? Je ne sais pas bien. Pour établir un bilan. J’ai vécu, quand j`étais jeune, une époque qui a été bien dure, épouvantable même par certains côtés, quand on compare avec ce qu'on vit maintenant.

Mais une vie très belle quand même I Ces souvenirs ne sont pas des regrets. Je les écris, non pas pour me faire remarquer: je n’ai été qu'un homme des plus ordinaires, un simple paysan de la vallée de l’Asse, un grain de sable au milieu de tant d’autres au bord de la rivière. Je crois que j'ai écrit cela pour mes petites filles, pour qu’elles puissent savoir la vie qu’on a menée, le travail qu`on a dû faire, ce qu'il a fallu savoir et savoir-faire.
Ces souvenirs, je les ai écrits au fur et à mesure qu'ils se présentaient. J’ai consacré trois hivers à ce travail; puis encore, après, bien du temps à les regrouper au mieux, à les compléter, à les rendre présentables. Un jour quelqu’un m’avait dit, après en avoir lu quelques-uns : “Ces récits, il faudrait les faire éditer: ce serait juste qu`on sache mieux la vie que nous avons menée, nous, les gens des pays perdus !” J'espère que tous ceux qui ont trimé, qui ont connu la vie dure, s`y reconnaîtront et c’est pour cela que je suis heureux que ce livre puisse paraître. La vie de ceux d'avant ne doit pas s’oublíer.
C’est peut-être aussi pour autre chose: pour mieux comprendre moi-même ce qui s’est passé autour de moi, pendant plus de 80 ans. En effet, j`ai noté au passage un certain nombre d'observations, qui sont à la fois des regrets et des questions: la mort des villages, c’est sûr, mais aussi la disparition, par exemple, de certains oiseaux, de certains animaux sauvages, pour des raisons que je ne comprends pas ; le gaspillage des ressources de la nature, la pollution, l’énormité des décisions imbéciles dont on ne sait plus qui les prend. Ce livre pose pas mal de questions de ce genre : les lecteurs chercheront, et peut-être apporteront des réponses.
Enfin, je tiens à dire que je ne regrette pas ce passé, cette vie de labeur et de peine : c`était un bon temps. C`était dur, mais on vivait eton vivait plus calmement que de nos jours. Et ça, si c'était déjà le bonheur ?

LE TEMPS DES MATEFAIMS ET DE LA CASSEILLE
Si mes parents travaillaient dur l’été, en hiver c’était un peu le repos. Le matin, pendant que mon père allait faire une ronde aux étables et donner à manger aux mulets, ma mère allumait le poêle. Pendant que l`eau chauffait dans une casserole, elle plaçait un moulin à café entre ses genoux. Au café moulu, elle ajoutait quelques grains d’orge grillés, versait le tout dans la casserole et laissait bouillir. Lorsqu’elle retirait la casserole du feu, le marc se déposait au fond. (Tai vu un jour la patronne d'un café-restaurant de la vallée mettre du café moulu dans un sac de toile et faire bouillir le tout dans une grosse marmite de fonte. Ce même sac servait tant qu`il n'était pas troué.)
A part les tout-petits, mes parents et nous, mangions la soupe trois fois par jour, matin, midi et soir. Tous les jours, ma mère en faisait une grosse marmite et chaque fois elle variait: pommes de terre, choux, lentilles, haricots, raves, courges, épeautre, etc. Ce qui la rendait bonne, c'était le morceau de lard qu’elle y ajoutait. Elle le séparait de la couenne et le coupait bien fin. On mangeait alors la soupe dans des assiettes creuses d’un centimètre d’épaisseur qui n’existent plus aujourd'hui. Le bout de couenne qu'il y avait, on ne le donnait pas aux chiens, on se battait pour l’avoir.
On possédait tout en double pour la cuisine : un mupín pour cailler le lait et deux poêlons en terre pour le faire chauffer, car le lait ne se fait jamais bouillir dans le fer. Les poêlons périssaient tous par la queue. Pour les couverts qui avaient un peu rouille durant l’hiver, ma mère avait un bon truc : elle les frottait avec de la cendre. Sur la table, il y avait une cruche en terre pour l’eau et des quarts de l`armée en guise de verres. Les assiettes étaient toutes creuses.
Le menu quant à lui était toujours le même : trois fois par jour mon père et l’oncle remplissaient l'assiette de pain et versaient par-dessus la soupe, à ras-bord. Ensuite, du fromage sec ou de la casseílle sur du pain ou avec un oignon, ou encore, un matefaím, ou le bout de lard qui avait assaisonné la soupe. Il était jaune et rance, et je n'ai jamais pu le manger.
Les malefaims, chez nous, étaient de grosses crêpes nourrissantes : on mettait dans une poêle des lardons et du petit-salé et, pendant qu’ils grillaient, on mélangeait dans un plat un peu de farine, deux œufs, de I ”eau et on battait le tout; on vidait sur les lardons et on couvrait jusqu’à cuisson complète.
Si on avait encore faim après ça, il y avait toujours un fromage de chèvre, du miel ou des noix. Je n’ai jamais vu d’autre beurre ou d’autre fromage que les nôtres.
Quand on n`avait plus de petit-salé pour les crêpes et les omelettes, on le remplaçait par de la graisse de cochon.
A Chabannes, on mangeait aussi la casseille un fromage fondu très fort. Il y en avait toujours, dans une marmite spéciale. Quand les chevreaux étaient sevrés et qu’on pouvait faire des fromages, on y ajoutait une douzaine de demi-secs. Quelques jours après, c`était plein de vers, de ceux qui sautent : les sautaïres. On les entendait taper au couvercle de la marmite! Un mois après, la vermine avait disparu. On pouvait alors faire des tartines que l'on grillait un peu sur la braise de la cheminée. On se régalait. Si on avait pu accompagner ça d’un beau canon de vin, on aurait sans doute mieux apprécié encore, mais on ne buvait que de l’eau. Tous ceux qui avaient des chèvres faisaient de la casseille
Tous les deux jours, on faisait cuire une marmite de soupe pour nous et une autre pour le cochon.
Chaque matin, on remplissait le four de briques pleines et le soir chacun en glissait une au fond de son lit pour le chauffer. En plus, on le bassinait avec le chauffe-lit rempli de braises. Ceux qui couchaient dans la cuisine ou dans l’alcôve n'avaient pas froid, car le poêle brûlait toue la journée. Par contre, la chambre n’était pas chauffée. Pourtant, couchés dans une bonne paillasse remplie de feuilles de hêtres, on dormait bien. Il arrivait que la marmite de soupe, trop pleine, verse. Au lieu d'éteindre le feu, le gras coulait autour de la marmite. Cela faisait un excellent cirage pour nos souliers...
Si mes parents avaient vu le gaspillage d'aujourd’hui, ils se seraient arraché les cheveux. Ce sens de l'économie s’appliquait à tous les domaines de la vie: on récupérait tout, on ne jetait rien. On n’avait même pas de poubelle ! On gardait tout: un bouton trouvé sur le chemin allait dans la boîte à boutons; le moindre bout de fer était mis de côté; un jour ou l'autre, il trouverait une destination nouvelle. Même pour les guenilles les plus lamentables (les estrasses, les pates), il y avait justement le patíaire (le chiffonnier). Il s’annonçait dans les rues des villages par une sorte de chant monotone dont la version était la suivante : Pèu de Zèbre, pèu de lapin, lou marchand es un couquín ! Effectivement, il vivait surtout du commerce des peaux de lièvres et de lapins. On les gardait donc précieusement: il n’y avait pas de petits profits l
Un jour, j’ai vu un chien, en ville, sortir d'une poubelle plusieurs pieds de jambon. Au Poil, un jarret de jambon assaisonnait la soupe pendant plusieurs jours : c’était l'assabouraire, le “donneur de saveur”. Certains disaient : coumàíre, presta me toun assabouraíre (Commère, prête-moi ton assabouràire _ pour assaisonner ma soupe).
Mon père avait toujours du saindoux de cochon pour graisser les chaussures: cela les rendait souples et imperméables. Quand elles n’étaient plus réparables, le cordonnier prenait les mesures pour une autre paire. Elles étaient lourdes mais duraient des années.
Les vêtements, c’était ma mère qui les réparait avec le galon qu'elle achetait il Théodore, le colporteur (voir au chapitre 2). En général, un chapeau durait toute la vie. On disait pourtant: Fremo mourto, capèù noù (femme morte, chapeau neuf). Un veuf qui se mariait achetait donc un nouveau chapeau. Un veuf qui se remariait avec une jeune fille devait payer il boire a toute la jeunesse, ou alors il était suivi par les jeunes portant plusieurs sonnailles pendues à une barre de bois, que la nôvíe devait sauter à la sortie de la mairie.
Je me souviens d’un garçon et de son père. On avait remarqué qu'ils ne sortaient jamais ensemble: le même costume servait aux deux. Le père s’en est allé un jour du Poil, aussi. Il est mort très vieux. Il disait: “Dans ma vie, je me suis toujours levé avec la lampe”. Je le crois. mon père, et combien d’autres, tâtonnaient le matin pour attacher leurs souliers.
J’ai eu des camarades que les parents louaient dans de grosses fermes à la sortie de l”éeole, et le patron allait les appeler à la pointe du jour à la grange.
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Re: Pays Dignois : Quelques randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 22321Message France Franck D
sam. 17 mars 2018 22:43

Bonsoir,

Pour continuer autour de la région de Digne et comme Pâques arrive, alors si vous voulez voir des gros œufs il y a le road-art c'est au nord de Digne sur la D900A très belle route.
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En arrivant du nord (Serre-Ponçon/Seyne) de la vallée blanche, bifurquer sur la D900A direction Verdaches : on passe par la clue de Barles (aucun soucis avec un fourgon) mais ça vaut le coup d'y repasser à pied
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Un peu plus loin différentes randonnées :
Chemin du vieil Esclangon
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Belle vue sur le Vélodrome d’Esclangon et au milieu la Lame de Facibelle
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Puis plus au sud allez sur le site de l’Ichtyosaure de la Robine. (- de 2h) à la découverte d’un reptile marin unique, vieux de plusieurs millions d’années.
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Puis juste avant Digne la dalle aux ammonites : elle compte sur 320 m² plus de 1 550 ammonites
https://www.dignelesbains-tourisme.com/ ... les-bains/
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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 24362Message France Franck D
dim. 28 juil. 2019 12:39

Bonjour,
A propos de Poil, extrait de mon début de message
"... Pour y aller ça se mérite, difficile de faire plus sauvage alors que l'on est proche de la Méditerranée...
La route est très belle car très vite on monte pour se retrouver en balcon, avant de passer une clue. Mais la route est très étroite, bref il faut mieux y aller en dehors des heures d'affluence car les croisements sont impossible en dehors des (rares) aménagements ... d'un autre côté à cette époque de l'année, on ne croise pas grand monde: même le temps de faire des photos Bien qu'en bas, au départ de la départementale, il n'y ai aucune interdiction: la route est très étroite et il y a de nombreuses épingles (ou avec les 5.5m du fourgon je passais juste) : donc à proscrire avec un gros camping-car
Cette rando je l'avais créé sur Visorando :
https://www.visorando.com/randonnee-randonnee-a-poil/
Depuis il y a eu plusieurs retours qui montre bien que chacun perçoit les choses différemment, un retour d'un internaute qui est monté en voiture
(il faut garder à l'esprit que certains habitants le font tous les jours en partant d'encore plus loin de Majastres qui est encore habité ...) :
Il y a certes de beaux paysages, mais la route pour s'y rendre est tellement dangereuse que cela ne justifie pas de recommander cette rando. Il y a tellement de plus belles randos à faire dans le 04, que ce soit sur la montagne de Lure, les sommets du Luberon, les gorges sur le plateau du Vaucluse, le Cheval blanc, l'Estrop et toute la chaîne de montagne attenante, tous les sommets autour du lac d'Allos, Les Monges, le Blayeul, les crêtes de Geruen sans parler de la montagne Ste Victoire toute proche etc etc. Tous ces sites sont accessibles sans prendre aucun risque et sans aucun problème pour croiser d'autres voitures, ce qui n'est vraiment pas le cas de cette rando. La route est extrêmement étroite, et borde des précipices énormes sans aucun parapet (sauf sur une courte distance dans des gorges) pour arrêter le véhicule en cas de glissade accidentelle. Un véhicule est arrivé le matin face à moi à toute vitesse, et cela tient du miracle qu'il n'ait pas basculé dans le vide, la voiture ayant dérapé suite à un freinage évidemment brutal...J'ai parcouru la majorité du 04 à pied et je vous garantis qu'il y a mille fois mieux et sans risque inutile. Je ne recommande vraiment pas, même si le village de Poil est pittoresque
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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 24369Message France hva
dim. 28 juil. 2019 20:27

Quel plaisir de relire tous ces articles, et notamment ces extraits de "la vie de ceux d'avant" sacrée leçon de vie.
Merci Franck
C'était si beau que j'ai fermé les yeux

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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil !

Message : # 24435Message France Franck D
ven. 9 août 2019 11:05

Bonjour,

Comme j'aime le papier j'ai fini par trouver ce livre d'occasion ... au moins j'ai un exemplaire

En montant dans les alpes on c'est arrêté sur la route de la vallée blanche (entre Digne et Seyne les alpes)
on a trouvé une rando intitulé "Tour des villages abandonnés"
https://www.visorando.com/randonnee-tou ... bandonnes/
ça tombe bien c'est dans la continuité de Poil et puis c'est au pied de la tête de l'Estrop

On a donc suivi les conseils de l'internaute concernant Poil "... mais la route pour s'y rendre est tellement dangereuse que cela ne justifie pas de recommander cette rando. Il y a tellement de plus belles randos à faire dans le 04, que ce soit sur la montagne de Lure, ..., l'Estrop" donc autant aller sur l'Estrop

Le départ se situe à Saume Longe, on prend la route de fond de vallée (D107), plus loin fin du goudron reste 3kms et ... 300m de dénivelé sur un chemin de terre. :”€↓¶ĸdgeu:
ben oui elle est cool la montée (j'ai un peu testé l'antipatinage :®®®: )=> en effet dans l'Estrop les routes sont larges, sans pente et un super revêtement ;)
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Dessous c'est l'ancien pont ???
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mais le parking est sympa (ne pas hésiter à cliquer sur la photo pour l'agrandir)
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Compte rendu à venir
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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil ! (Alpes de haute Provence-04)

Message : # 24438Message France mitra
ven. 9 août 2019 19:09

Salut Frank

Merci pour ces partages qui me rappellent de bons souvenirs..
Cordialement
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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil ! (Alpes de haute Provence-04)

Message : # 24445Message France Franck D
dim. 11 août 2019 19:01

Bonjour,
Mitra m'a passé un message si ça intéresse quelqu'un le livre est dispo d'occasion sur
https://fr.shopping.rakuten.com/offer/b ... 4799602224
C'était d'ailleurs sur ce site que je l'avais acheté.
En tout cas je vous le conseille :®®®:
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Re: Autour du pays Dignois : plusieurs randonnées ... dont une à Poil ! (Alpes de haute Provence-04)

Message : # 24495Message France Franck D
lun. 19 août 2019 22:42

Bonjour,
A croire que la région de Digne a perdu pas mal de villages anciens: après Poil c'est donc la rando intitulé "Tour des villages abandonnés"
https://www.visorando.com/randonnee-tou ... bandonnes/

Après avoir laissé le fourgon au bord d'une large route bien droite :”€↓¶ĸdgeu:... Vu la largeur du pont: réservé aux fourgons ou profilé étroit.
On commence la rando par descendre (... c'est suffisamment rare) vers l'ancien village de Vière
où en arrivant on découvre le clocher de l'église
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en se rapprochant on remarque qu'elle a été restaurée
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mais aussi que la nature reprend ses droits
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2 panneaux résument bien le projet
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Voici deux des alignements de Richard Nonas
D'abord celui reliant l'église au hameau
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puis celui représentant le chemin des écoliers venant des hameaux voisins
(en arrivant à celui de Pié Fourcha on comprend mieux la symbolique)
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On remonte vers un des hameaux satellites: Pié Fourcha, par le sentier de l'instituteur.
Pié Fourcha a lui aussi ses ruines
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Pié Fourcha est également un lieu de recueillement, car ça été le point de ralliement des sauveteurs lors du crash de l'Airbus A320 de Germanwings
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Vu la taille imposante de la tête de l'Estrop: il n'y avait pas d'échappatoire :(
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Contraste avec les marnes noires (voir en page 1)
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La stèle commémorative du crash sur le parking face au village de Saume Longue
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Voyage dans le temps, mais aussi dans la folie humaine
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